La méthode fait fureur et l’école de Schneider reçoit des élèves de partout qui vont exporter cette technique jusqu’aux Etats Unis.
Sur toutes les pistes on skie donc à l’autrichienne. Les premières stations se sentent obligées de créer des “écoles de ski” enseignant la technique Schneider. Et des pionniers français partent alors chercher en Autriche du côté d’Anton, leur diplôme de moniteur…
Dans les années 30, la montagne s’éveille vraiment au ski alpin.
Megève concurrence déjà Chamonix pour la conquête d’une clientèle chic. Qui demande
l’enseignement du ski avec de “vrais” moniteurs autrichiens!
Les écoles de ski fleurissent , jusqu’à 5 à Chamonix, 3 à Megève…
Mais le modèle autrichien commence à en irriter quelques-uns qui vont explorer d’autres pistes que celle de l’Arlberg, dont un certain Roger Frison-Roche.
A l’automne 31 celui-ci prend la tête de l’école de ski,créée par le Docteur Hallberg directeur sportif de l’Hôtel du Mont Revard.
Ensemble, ils décident alors de codifier l’apprentissage du ski alpin et Frison-Roche mettra au point la technique du bond, un allègement du ski par élévation, en contradiction avec la rotation du stemm autrichien!
Cet hiver 1933 la Fédération Française de Ski organise au mont Revard le premier examen pour l’obtention d’un diplôme de moniteur de ski, dont Frison-Roche sortira major et sera diplômé numéro 1.
A partir de 1934-1935 les discours sur la méthode foisonnent, et des dissidents tel que Tony Ducia remettent en cause la technique autrichienne qui n’a pas jamais évolué.
Pourtant en France, en haut lieu, on continue à ne croire qu’en la méthode de l’Arlberg. En 1935, un nouvel examen présidé par Hannes Schneider en personne, destiné à décerner les diplômes de moniteur-chef, recalera Roger Frison-Roche, dissident avéré de la technique de Schneider!
Arrive 1936, une date clé: la création des congés payés qui va enclencher la démocratisation du ski alpin. C’est aussi l’année des Jeux Olympiques d’hiver de Garmisch-Partenkirchen.
Parmi la sélection française, Emile Allais, jeune skieur mégevan, qui obtient la médaille de bronze du combiné, première médaille olympique française en ski alpin.
Allais vient ainsi de prouver la qualité de sa technique en partie affranchie des “dogmes” autrichiens.
En 1937 il récidive lors des championnats du monde de ski alpin organisés en France: il gagne la descente aux Houches puis le slalom et donc le combiné, dans un style efficace et élégant.
Y aurait-il une vraie méthode française? Forts de ces victoires historiques, Paul Gignoux, Emile Allais et Toni Seelos vont élaborer par écrits et images une méthode nouvelle et française de ski destinée à ranger la technique de l’Arlberg au grenier.
Le but étant de créer aussi dans la foulée une école nationale d’enseignement et de former tous les moniteurs selon les règles de cette nouvelle méthode.
Le 1er août 1937 l’Ecole nationale du ski français voit le jour garantissant l’unité d’enseignement et la valeur pédagogique et technique des moniteurs.
Le diplôme FFS précédent est donc caduque, et en décembre 1937 tous les bons skieurs se retrouvent au col de Voza pour un enseignement de la nouvelle méthode pendant 3 semaines.
Début mai 1938 une première promotion de 26 “moniteurs diplômés du ski français”reçoit une attestation et une médaille dorée.
Dispensé d’examen, la médaille n°1 sera pour Emile Allais, restant ainsi à jamais le premier moniteur français ESF!
Source: les pulls rouges de Gilles Chappaz
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