Les Britanniques sont les premiers voyageurs à parcourir le continent à la recherche de nouveaux horizons. L’attraction pour le Mont-Blanc est forte et dans les années 1910 Chamonix se place en tête des destinations favorites de cette clientèle riche et huppée qui escalade, randonne et fait des cures dans ces montagnes.
Mais la Suisse, l’hiver, leur offre de meilleures conditions pour pratiquer le ski alpin, nouveau sport à la mode. A l’instar de leurs maris, les femmes anglaises vont tout naturellement s’exercer à dévaler les pentes enneigées skis aux pieds!
Saint Moritz est alors la plus grande station de ski d’avant guerre. Les femmes vont alors troquer leurs jupes, corsets et grands chapeaux d’usage malcommode pour des jupes en gros drap voire pour des vestes et des pantalons .
En 1910, Chamonix possède 34 hôtels dont seulement 5 restent ouverts durant l’hiver.
C’est la baronne de Rothschild qui va quitter Saint Moritz en 1916 pour le petit village de Megève dont elle va faire la première station à la mode. Elle fera construire l’hôtel du Mont d’Arbois qui ouvrira en 1921 et réunira alors tout ce que compte d’ aristocrates et autres gens fortunés.
Malgré la polémique qui tourne sournoisement, la plupart de ces femmes de la haute société vont réussir à s’affranchir des stéréotypes vestimentaires en portant le pantalon de ski au détriment de la jupe-culotte.
Partout ailleurs, des Alpes aux Pyrénées, les stations de ski colonisent sûrement les montagnes.
En 1920, cet anglais skieur de la première heure reprend l’organisation de la première compétition de descente spécialisée à ski, le Roberts of Kandahar, créé par son père en 1911 à Mürren.
Rapidement il se détermine pour que les femmes puissent aussi faire du ski en compétition et encourage la création du premier ski club féminin en 1923.
En 1929 il propose la version féminine de sa célèbre course du Kandahar: les premières championnes sont donc évidemment britanniques.
En France, les skieuses non montagnardes, comme celles du ski-club parisien (SCP) viennent défier les skieuses montagnardes sur leurs pistes, dans des courses de descente et de slalom.
En 1936 le ski alpin fait son apparition aux Jeux Olympiques de Garmisch Partenkirchen. C’est la skieuse hitlérienne Cristl Crantz qui sera la première championne olympique du combiné seule discipline d’alors. Elle reste également, à ce jour, la plus titrée aux championnats du monde avec 12 médailles d’or.
En 1933 , l’École du Ski Français sort sa première promotion de moniteurs de ski.
Georgette Thiolière, médaille numéro 107 sera la première femme monitrice en 1943. Seule femme sur les 133 moniteurs recensés jusqu’alors, mais qui ouvrira la porte à d’autres.
Mais pas beaucoup: entre 1942 et 1953 seules 5 femmes obtiendront le diplôme contre 357 hommes. Et ce sont généralement des montagnardes, femmes, filles ou sœurs de moniteurs ou de guides.
Dans les années 50, la médiatisation du ski alpin reste centrée sur les compétitions masculines.
Mais 10 ans plus tard, deux françaises, les sœurs Goitschel, Christine et Marielle, vont faire entrer le ski féminin dans le cœur de toute une nation. Marielle Goitschel, plus beau palmarès de l’histoire du ski alpin féminin français avec notamment deux médailles d’or olympiques et sept titres mondiaux, propulse en six ans de carrière le ski à hauteur de son homologue masculin.
Depuis, l’histoire ne s’est pas renouvelée, et le ski français féminin attend toujours de retrouver son lustre d’antan.
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