Le plus connu est le désert de Platé. Il s’étire sur 2000 hectares en face du Mont Blanc à 2500m d’altitude. C’est un grand plateau calcaire à peine parsemé de végétation qui justifie son nom de “désert”. La fonte des glaciers qui le recouvraient a commencé un remodelage que les eaux de ruissellement poursuivent entraînant sa lente et inéluctable transformation. Alternance de diaclases (fissures qui s’élargissent en s’érodant et non en s’écartant) plus ou moins profondes, d’arêtes aiguisées et coupantes, de vagues et de rigoles, de saignées, de marmites, de murailles, il constitue le plus grand lapiaz d’Europe.
Très différent, le plateau du Parmelan, ceinturé par ses falaises imposantes révèle à sa surface ses lapiaz disséminés au milieu de ses mélèzes et pâturages. D’imposants gouffres, failles et avens balafrent ce paysage où le vert alterne avec les pierres de calcaire blanchi.
Les calcaires sont des roches sédimentaires, facilement solubles dans l’eau et composées majoritairement de carbonate de calcium CaCO3 mais aussi de carbonate de magnésium MgCO3. Ils se sont formés durant des millions d’années, par accumulation de coquillages et autres squelettes marins au fond des mers ou étendues lacustres. Les mouvements tectoniques en ont propulsé un peu partout à la surface de notre globe.
Le karst est une structure géomorphologique qui résulte de l’érosion de ces roches solubles, essentiellement des calcaires. Il présente souvent un paysage tourmenté et un sous-sol riche de cavités: gouffres, rivières souterraines, grottes.
Sa morphologie superficielle la plus spectaculaire s’appelle un lapiaz ( aussi appelé lapiès, lapiez, lapiès ou karren). Il s’agit d’une surface parcourue de “rigoles de dissolution” plus ou moins marquées, certaines apparues à partir des diaclases qui s’élargissent progressivement sous l’action des eaux de ruissellement. Cette dissolution du calcaire exige la présence de CO2 au sein de cette eau. Ce CO2 provient en partie de l’atmosphère mais aussi de la respiration des êtres vivants, bactéries, champignons et racines de végétaux qui tapissent les fissures et anfractuosités de la roche. En surface d’un sol riche en humus, les effets de la dissolution seront plus importants et plus rapides, donnant naissance à des failles parfois suffisamment profondes (aven) pour communiquer avec un réseau de galeries souterraines.
Une simple micro-dépression de la roche peut s’approfondir sous l’effet de la dissolution et se transformer en cupule puis se creuser encore et encore au fil des millénaires….
De ce long travail d’érosion, il en résulte un assemblage de roches calcaires blanchies d’une douceur sensuelle, aux formes parfois arrondies entre des arêtes vives, de trous béants, failles ou avens, d’arches et de murailles. Tout un maelstrom de formes qui donne un sentiment d’irréelle beauté à ces paysages.
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